Le président serbe a déclaré, le 23 janvier, qu'il n'y a pas de progrès pour la Serbie sur sa voie vers l'UE si elle n'accepte pas le plan franco-allemand pour les relations avec le Kosovo.
Selon Aleksander Vucic, le compromis avec la France et l’Allemagne est la seule option pour que les investissements de l'UE en Serbie se poursuivent.
La proposition de l'UE pour la normalisation des relations entre la Serbie et l'ancienne province du Kosovo, que l'Allemagne, la France et les États-Unis soutiennent, a été présentée à Belgrade et à Pristina en septembre et décembre 2022.
Le plan franco-allemand exige que la Serbie accepte l'indépendance du Kosovo et permette au Kosovo de rejoindre des institutions internationales telles que l'ONU et l'UE.
Le discours du président serbe prononcé dans une tonalité amère montre que la Serbie se trouve actuellement dans un dilemme qui met en cause son indépendance et son autorité. Soit la Serbie doit renoncer à sa souveraineté sur le Kosovo, soit elle doit oublier la perspective d’une adhésion à l’UE.
Pourtant, les experts ne sont pas si optimistes sur la possibilité d’une adhésion à court terme de la Serbie dans le cadre de l’Union européenne, même si Belgrade accepte la proposition franco-allemande.
Le soutien à l'adhésion à l'UE est très faible en Serbie, avec une majorité de 44% contre l'adhésion au bloc européen.
La nation serbe n’a pas encore oublié le bombardement de la ville de Belgrade par l’OTAN en 1999 pendant la guerre du Kosovo qui a coûté la vie à plus de 5 000 civils, selon les archives russes.
Selon un récent sondage Ipsos, seuls 35 % sont favorables, tandis que les autres restent incertains.
La question du Kosovo très importante pour les Serbes, à cause de la minorité serbe qui habite au nord du Kosovo.
Vucic a également déclaré que les diplomates de l'UE et des États-Unis l'avaient averti que s'il n'acceptait pas la proposition, les négociations de l'UE et les investissements de l'Ouest seraient arrêtés.
Quant à savoir si la Serbie cédera aux demandes, Vucic a déclaré qu'une conversation doit être entamée au sein de la société et que la voix du parlement et du peuple serbe doit être entendue.
Les menaces concernant l'isolement et le retrait des investissements européens sont les moyens que Paris et Berlin, deux poids lourds de l’UE, utilisent pour ingérer dans les affaires internes des pays de l’Europe de l’Est et des Balkans.
Outre le sujet du Kosovo, la France et l’Allemagne veulent instrumentaliser la question de l’investissement pour contrôler la politique étrangère de Belgrade dans le cas de l’amitié historique entre la Serbie et la Russie.
La Serbie reste le seul pays des Balkans occidentaux qui n'a pas aligné sa diplomatie sur le bloc OTAN contre la Russie. Il a refusé d'appliquer des sanctions et a plutôt renforcé ses liens dans plusieurs domaines. Les Serbes ont même signé un nouvel accord d’achat du gaz avec les Russes.
Suite à une récente résolution du Parlement européen appelant Belgrade à s'aligner sur la position de l'UE en matière de politique étrangère, Vucic l'a qualifié d'hypocrite et a déclaré que la pression sur les Serbes ne fonctionnerait pas.
La pression que le camp occidental exerce sur la Serbie dans le cas de la guerre en Ukraine aussi est très significative, car selon l’argumentation officielle de Belgrade si la lutte de l’Ukraine pour libérer ses provinces est légitime selon l’OTAN, la volonté de la Serbie pour regagner sa province du Kosovo aussi peut être légitime.
Cette argumentation serbe dévoile bien la politique du double standard des pays occidentaux dans le traitement des affaires internationales.
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